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François-Xavier Priollaud, être acteur et serviteur de l’Etat

François-Xavier Priollaud (©: F.X. Priollaud)

 

Maire de Louviers depuis 2014, et conseiller régional sortant, François-Xavier Priollaud sera à nouveau candidat en décembre prochain. Il est d’ailleurs le directeur de campagne d’Hervé Morin…

François Charmot : Vous êtes maire de Louviers depuis 2014. Vous n’êtes pas originaire de la région. Qu’est-ce qui vous a amené à Louviers, et à la politique ?

François-Xavier Priollaud : l’envie de faire de la politique, ça remonte à très longtemps. Dès l’enfance, je me suis toujours intéressé au débat public et à l’actualité. Pour un enfant, c’était un peu bizarre. Même que ça inquiétait un peu mes parents. Le moment très précis où j’ai considéré qu’il fallait s’engager, c’est-à-dire entrer à un parti politique, c’était juste après mon bac, en 1992. Nous étions en pleine campagne sur le referendum de Maastricht. Dans ma classe de terminale, on était très politisés. Il y avait à peu toutes les sensibilités politiques représentées, tant chez les élèves que chez les profs, mais chez les profs on ne le savait pas trop. Dans la classe, il y avait un grand mur, sur lequel chacun pouvait écrire ses idées. A la fin de l’été, on a décidé d’aller dans les universités politiques de tous les partis politiques, en fait à l’époque, c’était plutôt des meetings. On a tout fait, sauf le Front national où on n’a pas pu rentrer. Nous sommes allés à la fête de LO au château de Presles et là c’était très amusant. On a croisé notre prof d’économie qui servait le couscous. Il cachait bien son jeu. Il enseignait des théories libérales et en fait était un militant très actif de Lutte ouvrière. In fine, avec un ami, on a adhéré à l’UDF, aux adhérents directs, qui était la plus petite composante du parti. J’ai commencé mon engagement politique à faire la campagne pour le oui, à deux-trois semaines du référendum. Je n’avais pas d’antécédents familiaux, ce qui a un peu étonné mes parents…

F.C. Vos parents faisaient quoi ?

Mon père est architecte et ma mère travaille dans l’art et dans la communication médicale. C’est très difficile de dire ce qu’elle fait, car elle fait beaucoup de choses très différentes. J’ai fait des études de droit et du syndicalisme étudiant, étant élu au conseil de l’université. Je me suis retrouvé comme ça à la campagne présidentielle de 1995, puis j’ai fait une suspension pour me consacrer à plein d’autres choses. J’avais envie de faire du journalisme. J’avais 18 ans et demi. Tout en continuant mes études, je suis entré au Nouvel Observateur, en septembre 1994 pour un mois de stage au service documentation. Ça amusait la DRH d’embaucher quelqu’un qui n’avait pas des idées de gauche. «  On arrivera à vous convaincre » Finalement, j’y suis resté bien plus longtemps, mais je n’ai pas changé d’idées. J’avais plus envie d’être acteur qu’observateur. J’ai passé le concours d’administrateur de l’Assemblée nationale. Me plaisait l’idée d’être acteur et serviteur de l’État, avec une neutralité politique. M’intéressant aux affaires européennes, enseignant sur les questions européennes, j’avais acquis une expertise. J’ai rejoint Hervé Morin qui cherchait un conseiller politique au ministère de la Défense. Je l’ai accompagné lors de sa campagne des législatives dans l’Eure, puis l’année suivante, j’ai participé à un meeting pour les élections européennes. J’ai bien aimé et Hervé Morin m’a alors proposé de m’installer dans l’Eure, politiquement parlant. J’y ai été sensible. Je savais que ça ne serait pas facile, mais si je venais, ce n’était pas simplement pour faire un tour de piste…

Vous êtes resté très près d’Hervé Morin. Conseiller régional sortant, serez-vous sur sa liste en décembre prochain ?

F-X. P. Je serai sur la liste et Hervé Morin m’a choisi pour être son directeur de campagne.

F.C. Votre adjointe à la mairie de Louviers, Sylvie Langeard, siège elle aussi sur les bancs du Conseil régional, suite à l’élection de Nicole Duranton au Sénat, l’an dernier ? Sera-t-elle à nouveau sur la liste ?

F-X. P. Je ne sais pas. La composition des listes n’est pas encore finalisée.

F.C. Et serez-vous candidat aux législatives de 2017 ?

F-X.P. C’est une question que je ne me suis pas posé, et qui ne me préoccupe pas pour l’instant. La priorité est de remettre Louviers sur les bons rails. Pour cela, on travaille en équipe. Jeune lovérien, je me suis entouré d’une équipe de gens qui ont l’expérience et la connaissance de la ville.

F.C. Après votre élection, les relations semblaient s’améliorer avec votre voisine, Val-de-Reuil. Et puis, patatras, il y a quelques semaines, Marc-Antoine Jamet fait des déclarations fracassantes dans la presse, affirmant même que Louviers est « la Grèce de la Case. » Qu’avez-vous à répondre ?

F-X.P. A ce qui est un bras d’honneur, je préfère la politique de la main tendue. Vous n’entendrez jamais dans ma bouche des propos insultants sur notre voisine ou son maire…

F.C. Quel est le principal projet du mandat de la municipalité élu en 2014 ?

F-X.P. C’est d’abord l’attractivité de la ville. Elle passe par sa rénovation, l’hyper-centre essentiellement, mais aussi l’embellissement des entrées de ville. Il faut aussi densifier la population. Emploi et habitat doivent être en interactivité pour attirer de nouveaux habitants à Louviers. Nous voulons gérer la ville autrement. Les dotations de l’État vont baisser de 600 000 € en 2015. Nous ne voulons pas augmenter la fiscalité, mais l’assiette fiscale. L’ancien maire a beaucoup construit, mais n’a rien entretenu.

F.C. Dans la forme, allez-vous gérez la ville autrement ?

F-X.P. Nous voulons être une ville qui fait confiance à ses talents et à ses jeunes. Il faut que les Lovériens qui réussissent restent à Louviers. Avec l’Académie des talents, nous voulons aider une quinzaine de personnes dans un programme de citoyenneté active. Nous voulons faire des citoyens éclairés. Il nous faut aller vers les gens, toujours se remettre en cause, promouvoir des idées nouvelles. Il faut faire confiance aux gens, et leur dire la vérité !

F.C. Quel bilan tirez-vous des dix-huit premiers mois de mandat ?

F-X.P. Des choses ont bien avancé. Sur le numérique par exemple. Nous avons rencontré le président de la CCI et la première formation de quinze codeurs a été lancée à l’École supérieure du numérique. Une formation rémunérée par Pôle-Emploi. Inscrite au contrat d’agglo, la future cité numérique est en phase d’étude, menée par un cabinet de consultant. Sur une douzaine d’hectares, si l’on inclut l’assiette du Kolysée (note : centre sportif de Louviers), il s’agit de reconvertir les bâtiments de l’ancienne usine Cinram (note : l’entreprise était spécialisée dans le secteur d’activité de la reproduction d’enregistrements) en proposant des services et des emplois en prise directe avec des secteurs tels que la logistique ou la santé qui connaissent une révolution numérique.

F.C. Migrants, difficultés des éleveurs. On met un peu à toutes les sauces une Europe qui n’a pas trop la cote en ce moment ?

F.-X.P. Il faut comprendre le monde d’aujourd’hui. Dans un contexte de mondialisation et de compétitivité économique, les compétences régaliennes des États n’ont plus de sens. L’Europe est un pôle de démocratie et de progrès. Certains voudraient la présenter comme une contrainte contre les peuples. Mais ce n’est pas parce qu’il y aurait trop d’Europe, mais parce qu’il n’y en a pas assez. Il faut que l’Europe soit une plus grande force. Les dirigeants ont tôt fait de tout mettre sur le dos de l’Europe. Il faut un parlement européen plus puissant. En ce qui concerne les problèmes agricoles, on critique la PAC. Mais ces problèmes seraient encore bien plus importants sans la PAC et les aides apportées. Pour les agriculteurs, il y a l’enjeu de l’innovation. L’Etat, les Régions, l’Europe y contribuent. Quant aux migrants et à leur accueil, chacun, et pas seulement les pays européens, devrait prendre sa part.

Entretien réalisé par François Charmot dans sa boutique
« D’un pavé à l’autre », 19 rue Tatin à Louviers.

Lecture, cuisine et musique…

« Aimez-vous lire ? » A cette question, François-Xavier Priollaud répond sans hésitation : «  Des essais et des livres d’histoire. » Des centres d’intérêt qui ont conduit celui qui était loin de penser (même pas en se rasant le matin !) être un jour maire de Louviers, mais qui avait lui-même commis quelques ouvrages sur les relations européennes notamment, à fonder, avec quelques amis universitaires, les Editions Saint-Simon, en septembre 2001. Une maison d’éditions qui s’est spécialisée dans les problèmes de société et l’histoire contemporaine, et s’est taillée de jolis succès. Avec par exemple ses livres sur les réseaux « pro » ou «  anti » Bush, l’ancien président américain. Que du sérieux, même si François-Xavier Priollaud apprécie d’autres types de littérature. «  J’ai lu Oui-Oui étant enfant, j’aime bien Tintin, Agatha Christie, ou la BD Quai d’Orsay.

Mais les deux véritables passions du maire de Louviers, celles qu’ils élèvent au rang d’art, sont la cuisine et la musique. Pas besoin d’insister trop longtemps pour qu’il vous vante les mérites de son «  boulodrome d’été », une solide mais rafraichissante pyramide faite de petites boules de melon, pastèque, tomate, avocat, mozzarella, le tout parsemé de menthe fraîche et arrosé de citron.

Quant à la musique, François-Xavier Priollaud est un instrumentiste de talent. Il a appris le piano au conservatoire, puis a rejoint un orchestre à cordes en tant que violoniste. «  Une heure et demi de pratique tous les soirs et les concours m’ont permis d’être très à l’aise en public et de maîtriser le stress », explique celui qui apprécie tout particulièrement «  La Symphonie des jouets », de Léopold Mozart, Chopin et Brahms.

« Et l’activité physique ? » «  No sport. Enfin si. La marche et le ski… »

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