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le Blog de Marianne : La cloche et le cheval

Plusieurs heures de voitures avaient été nécessaires pour amener les deux enfants en Normandie. Et voilà qu’ils se trouvaient avec leur grand-mère dans un bout de jardin ridiculement petit sous un ciel bleu azur à courir au milieu des pâquerettes. Emilia avait trouvé le temps long mais maintenant, ça allait.

Elle venait de dénicher dans la gazon un petit œuf de Pâques recouvert d’un joli papier bleu métallique. « Re-garde, Lé-o-nard, ce que j’ai trou-vé » chantonnait-elle s’adressant à son frère cadet sur le ton de bisque bisque rage.

Léonard n’était pas intéressé. Depuis un moment, il fixait avec attention la cloche métallique surmontée d’un cheval rouillé fixée au mur. « C’est quoi ? » s’enquit-il curieux. Le maître des lieux avait passé la tête par la fenêtre. Il regarda l’objet puis répondit avec malice : « Holala, un souvenir de Villedieu les Poêles. La Cloche, c’est Emilia et le Cheval, c’est Léonard. »

Les deux enfants étaient sciés. Ils ne comprenaient pas bien. Comment ? Ici, à mille lieux de chez eux, on connaissait leur prénom ?

Très vite, ils reprirent leur jeu. Emilia trouva cinq œufs et Léonard six. Il y avait comme une rivalité dans l’air. C’est à qui ramasserait le plus de chocolat. Mais voilà, depuis un moment, plus rien.

Nous étions à Pâques et comme chacun le sait, ce sont les cloches qui déposent leurs trophées dans les jardins au retour de Rome. « Oui » confirma Léonard empreint de son autorité de fils aîné.

Et c’est à Villedieu les Poêles, première commanderie des Chevaliers de Malte, qu’on fabrique les cloches pour Notre-Dame de Paris. Chaque cloche porte un prénom.

« Léonard, combien as-tu trouvé d’œufs ? » s’enquit le maître des lieux un brin taquin. « Six !  » exulta le gamin. « Et quel âge as-tu ? »  « Six ! ».

« Tu vois, comme ils sont forts? Et toi Emilia? »

Emilia comptait et recomptait ses cinq œufs. Elle venait juste d’avoir cinq ans.

Elle était heureuse d’avoir un cloche qui porte son nom et qui connaissait son âge. Mais une chose l’intriguait. Cette histoire de poêle. « C’est pour faire cuire les œufs ?

Un fou rire s’éleva dans le ciel normand. Le beau temps était au rendez-vous. Les arbres imprimaient leurs fleurs unies blanches ou roses sur un ciel sans nuage.

On attendait dans la soirée, le discours du chef de l’État. Il avait d’importantes nouvelles à annoncer à tous le pays.

D’ici là, on resterait dans cette maison pleine de surprises. Personne n’avait encore deviné que c’est grâce au cheval que la cloche connaissait l’âge des enfants. Pour six ans, il soulevait sa patte avant gauche six fois, pour cinq ans, cinq fois et ainsi de suite. Ah, il est fort ce cheval ! Comme Léonard.

Pour ma cousine Josiane qui m’a suggéré d’écrire un comte pour enfants.

Le Blog de Marianne revient demain avec d’autres histoires de confinement.

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