Le professeur Didier Raoult, infectiologue de Marseille préconisant un traitement à base de chloroquine pour les malades du Covid-19, avait-t-il raison de mener de sa propre initiative des tests pour confirmer l’intuition que cette molécule pouvait sauver des milliers de malades du Covid-19 ? Oui je le pense.
Idriss Aberkane (photo), conférencier, a-t-il raison de défendre le médecin en disant que face à l’urgence, on ne décide pas de la même façon qu’en temps normal ? Oui je le pense.
Deux choses que j’ai appris sur les bancs de la fac il y a déjà fort longtemps.
1/ » Une crise qui s’installe n’est plus une crise ». Sa durée est par définition limitée dans le temps.
2/ Face à l’urgence, la décision doit être impérativement rapide. Et surtout, la décision incombe au pilote.
Est-ce qu’un ministre a raison lorsqu’il dit qu’il ne veut pas prendre le risque de diffuser un traitement même prometteur tant que les tests académiques n’ont pas été réalisés ? Non, je ne pense pas.
Dans l’urgence, un leader doit pouvoir prendre des décisions au corps défendant de ses conseilleurs.
Au cours de la Première Guerre mondiale, Marie Curie militait pour que la radiologie s’installe au front. Elle a mis au point une vingtaine d’ambulances surnommées les «petites Curies» car elle sait combien les appareils à rayons X peuvent aider à repérer les fractures et localiser les éclats d’obus.
Or dès le mois d’août 1914, elle obtenait une attestation du Ministère de la Guerre pour mettre en place une équipe de manipulateurs en radiologie.
Dans l’industrie on sait que ce sont les personnes intuitives douées de vision qui s’imposent. Marcel Dassault fût l’un d’eux.
Ce sont aussi des personnes qui ont le sens des réalités. Ancrées sur le terrain, elles manient la vitesse comme un concept.
Il est étonnant que le président Macron, dont toute la campagne des présidentielles a été basée sur la vitesse de décision à la façon des startups se soit fait piéger par la lourdeur décisionnelle d’un comité « scientifique ».
Le ministre de la santé Olivier Véran qui « ne veut pas prendre de pari sur la santé des Français » sans certitude scientifique a finalement autorisé la prescription d’hydroxychloroquine, à certaines conditions. La pression est venue du terrain.
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