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A Barcelone, Yasmina Yahiaoui veut mettre à l’honneur les artistes issus d’Afrique du Nord *

Reial cercle artistic

Yasmina Yahiaoui est une journaliste réalisatrice qui, après avoir fait carrière à France Télévision, a ouvert en 2017 sa première galerie de photos à Paris, dédiée à  la nouvelle vague des photographes algériens. Depuis deux ans, elle s’est installée à Barcelone avec l’envie de continuer à faire partager son intérêt pour les artistes contemporains issus de l’Algérie, pays de ses parents, mais aussi de toute l’Afrique du Nord. Elle a tissé des liens avec le Reial Cercle Artistic de Barcelone situé au cœur du quartier gothique et abrité dans le palais Pignatellli. Dans le cadre de l’événement Africa Journey, un cycle d’expositions sur l’Afrique qui sera proposé à partir de cette année par le Cercle en partenariat avec l’Institut Catalunya Africa , Yasmina a pour mission d’intégrer les artistes d’Afrique du Nord.

Pourquoi vous intéresser aux artistes de l’Afrique du Nord ?

Au travers de mes reportages, j’ai déjà beaucoup exploré la relation entre l’Afrique du Nord et l’Europe via les problématiques sociétales de l’immigration. Aujourd’hui ce qui m’importe, c’est de réajuster mon regard et en même temps le celui des autres, vers le Sud, à travers le prisme de la création artistique. En d’autres termes, aborder l’Afrique du nord en sondant son africanité…Le projet Africa Journey m’est apparu comme l’occasion idéale pour cela et quand j’ai proposé l’idée a Joan Abello, le directeur du Reial Cercle Artistic et de Institut Catalunya Africa, il a été tout de suite enthousiaste.

Quelles expressions artistiques allez vous privilégier ?

Les arts visuels au sens large (peinture, sculpture, photo, vidéo) sans oublier le street art qui m’intéresse aussi car c’est pour toute une génération de jeunes artistes, le seul moyen de s’exprimer artistiquement …Ils ont raconté les printemps arabes et plus récemment les soulèvements du mouvement Hirak en Algérie, ils auront certainement aussi beaucoup à raconter sur leur identité africaine.

Est-ce que des initiatives comme la vôtre se développent aujourd’hui ?

Oui de plus en plus car il faut soutenir les artistes contemporains  locaux. Contrairement à ceux de la diaspora qui font de belles carrières internationales, ceux qui sont restés dans leur pays natif ne bénéficient d’aucunes aides et n’ont que très peu ou pas de visibilité, sur un marché de l’art contemporain est encore balbutiant, voir inexistant, selon les pays.

Ces initiatives naissent souvent de gens comme moi, issus de l’immigration maghrébine, qui veulent établir un pont entre l’Europe et la terre d’appartenance de leurs parents, référence à leur histoire binationale en quelque sorte.

Par exemple à Madrid, il y a Sabrina Amrani qui a créé deux galeries dédiées notamment aux artistes contemporains d’Afrique du Nord. Il y a aussi Zineb Sedira plasticienne internationalement reconnue qui d’ailleurs représentera la France à la biennale de Venise en 2022. Elle a créé à Alger, l’Aria, une résidence pour mettre en lumière le travail des jeunes artistes contemporains locaux et établir des échanges avec l’extérieur.

Marianne Rolot

* Les artistes locaux, ceux qui sont nés et résident en Algérie, Tunisie, Maroc

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