» Il y a des entreprises qui n’ont pas défini le poste qu’elles souhaitent pourvoir. Elles ont juste besoin de quelqu’un pour une mission. C’est dans notre rôle de les conseiller. Avec mon équipe, on adore ça ! «
Issue d’une école de commerce, Karine Gallais a créé son propre cabinet RH installé à Louviers dans le bassin Seine Eure en Normandie. Orionis compte aujourd’hui deux salariées, Sarah Laurent (à gauche sur notre photo) et Cindy Néri. L’agence manage 50 clients dont des grands groupes, des industries, des sociétés de service, de retail (commerce), des banques et des assurances. Le cabinet déploie plusieurs activités : recrutement, détection de potentiel, management de transition, reclassement et coaching. Les jeunes générations font preuve de nouvelles exigences qui changent le fonctionnement des entreprises. La bienveillance s’invite dans le processus de recrutement et les conditions de l’engagement dans l’entreprise sont de plus en plus discutées par les futurs collaborateurs. Karine et son équipe relèvent ce défi avec ardeur.
Bonjour Karine, quelles sont les nouvelles tendances dans le milieu de travail actuellement ?
Je vois de grands changements chez les nouvelles générations. Elles apportent aux anciennes générations une vision du travail complètement différente de la nôtre. Ce sont les générations Y et Z qui nous ont vu nous sacrifier au travail. Il y a eu des plans de licenciement, pour certains très gros comme en 2008, qui ont marqué. Les jeunes générations ont pris du recul. Elles expriment une forte demande d’épanouissement.
Quelle sont leurs attentes ?
Les jeunes générations voient le travail différemment. Il y a une recherche d’épanouissement personnel et il faut qu’il y ait du kif en entreprise. Je parle des jeunes talents qui ont le choix, ceux qui constituent notre cible.
En quoi leur recrutement est-il déterminant ?
Ce sont des personnes dont on sait qu’elles vont opérer les changements dans l’entreprise demain. Elles vont en concevoir la stratégie. En tant qu’entreprise, si je veux les attirer, je dois changer.
Comment les jeunes talents vivent-ils leur intégration dans l’entreprise ?
En tant que candidat, s’il ne s’épanouit pas, il change. Il peut zapper extrêmement vite parce qu’il a le choix. On est sur du collaboratif, pas du pyramidal. Le temps d’attente pour arriver à des postes de responsabilité peut d’ailleurs provoquer des conflits si les conditions d’évolution ne sont pas suffisamment rapides. A 30 -35 ans, avec une expérience ou deux, et 5 ans d’activité, les jeunes talents apportent des changements dès qu’ils commencent à avoir du pouvoir.
A quoi mesure-t-on cette évolution sociétale générationnelle ?
Il y a tout ce glissement de comportement auquel il faut s’adapter. Les nouveaux candidats n’ont pas envie de rester au même endroit pour travailler. Le travail doit être mobile. En home office, chez eux ou en coworking, il faut qu’ils aient le choix. C’est fou comme ça a évolué !
Du coup il y a certainement de nouvelles exigences…
Je vois le décalage avec des demandes qui n’existaient pas avant. Certains jeunes demandent la QVT (qualité de vie au travail) par exemple, ou des endroits sympas pour faire des pauses. On voit apparaître des salles de créativité dans les entreprises. Et quand certaines conditions ne sont pas là, les candidats nous disent « j’y vais pas ».
Côté entreprise, comment s’adapte-t-on ?
Il y a des entreprises qui ont vraiment tout compris. Sur Rouen par exemple, la Matmut propose à ses salariés une salle de détente et massage et même des espaces de jeux ouverts aux enfants du personnel. L’espace ont lieu des entretiens de recrutement est très design. C’est une façon très astucieuse de capter les talents.
Comment les jeunes talents choisissent-ils leur entreprise ?
Une notion est très importante : en tant qu’entreprise, tu ne peux plus tricher. Avec le web, il existe beaucoup de moyens de vérification. On sait tout sur les entreprises. La génération Trip Advisor (application web qui permet à la fois de choisir un hôtel et donner son avis) exige de l’entreprise qu’elle soit vertueuse ou authentique.
Quels services propose cabinet Orionis que tu diriges ?
Avec mon équipe on est sur une progressivité d’activités : recrutement, détection de potentiel, management de transition (entreprise qui veut un expert sur un temps donné) … mais je suis en train de développer l’outplacement (aide au reclassement professionnel, proposée par une entreprise à un salarié qu’elle licencie) et le coaching, sous la marque WAKANDA.
Qui sont les clients de Orionis ?
Ce sont les entreprises et les particuliers. Nous considérons que nous sommes à la fois au service de l’entreprise pour des salariés ou au service des salariés pour l’entreprise. Notre spécialité ce sont les « top et middle managers », c’est-à-dire les cadres confirmés et les jeunes potentiels.
Qu’est-ce que les entreprises vous demandent ?
Des talents ! Elles recherchent des compétences techniques rares associées à un savoir être. La plupart sont des ingénieurs. Ils ont la capacité de raisonner ou de trouve des solutions dans des situations complexes. Ils ont de la hauteur de vue. Ils savent bien gérer des projets et des hommes et ils savent emmener les équipes sur des résultats dans le respect et la bienveillance. Ils ont une pratique aisée de l’anglais. On leur demande du savoir être : capacité d’adaptation, leadership, implication. On leur demande d’être agiles sur les outils numériques et digitaux et d’avoir le sens de la communication. Et après, il peut y avoir d’autres demandes selon le poste.
Comment ça se passe avec les jeunes ?
Avec eux, on doit s’adapter à des comportements nouveaux. Il y a de l’engagement mais pas le même que celui des plus de 40 ans. Le savoir être pour moi il est là, mais ce qu’on va chercher chez eux c’est le potentiel d’évolution. Ils ont une hauteur de vue, une certaine assertivité. Ce sont des personnes qui sont maîtresses de leur vie. Elles sont assez exigeantes avec elles-mêmes et sont dans des stratégies de réussite. En fait, elles sont en croissance et ça ne peut que se développer. Parfois se sont des individus qui sont partis de rien (il y a des cas atypiques qui sont géniaux). Ces personnes font montre d’une exceptionnelle persévérance.
Votre rêve, ce serait quoi ?
C’est plutôt le rêve de mon équipe. Ce serait de détecter ces profils là et de convaincre nos clients que ces personnes vont apporter quelque chose de complétement différent à leur entreprise. On le fait souvent dans mon équipe. Personnellement, ce qui me ferait rêver, ce serait que le cabinet « performe » tellement qu’il me permette de créer la Fondation WAKANDA. Je n’en dis pas plus pour le moment. C’est un projet qui doit encore mûrir..
Les outils Orionis travaille par réseau. Le cabinet a accès à une base de 15000 profils. Via son lab, il organise plusieurs événements par an où il reçoit les clients et les candidats potentiels. Son travail se déploie sur le long terme. Les candidats sont régulièrement recherchés sur linkedin, Cadremploi ou l’Apec et suivis dans le temps. Orionis pratique aussi l’approche directe dans les entreprises. Pour sélectionner le ou les candidats, l’approche est toujours la même : entretien téléphonique, puis questionnaire de personnalité, avec PerformanSe, un outil présenté comme exigeant en terme d’expertise permettant de réaliser une évaluation fiable et objective ; puis vient l’entretien « dans une posture d’égal à égal et de sincérité » précise Karine. L’objectif est de vérifier qu’il y a une bonne affinité professionnelle. De part et d’autre, les informations sont échangées mais la décision n’est jamais prise à chaud. Plusieurs candidats sont vus. Jusqu’à trois sont présentés au client qui mène ensuite ses propres entretiens. Les réponses sont formulées et motivées dans les 15 jours. Le cabinet dit débriefer systématiquement avec ses interlocuteurs. Karine, Cindy, Sarah tiennent à le préciser, aucune d’entre elles n’est psychologue de métier. Ca n’est pas nécessaire.
Précisément Karine, comment fonctionnez-vous avec votre équipe ?
On se ressemble. On veut faire du bon boulot. On est dans le constructif, dans le challenge de trouver des solutions pertinentes, efficaces et rapides à nos clients. Ce qui donne du sens à notre métier, c’est aussi le sentiment d’avoir un impact positif sur le monde en accompagnant nos candidats et « coachés » vers un avenir porteur et plus épanouissant. Cela nous donne beaucoup de hauteur et nous conduit à sortir de notre zone de confort.
Quel exemple concret pouvez-vous nous citer ?
On a recruté une personne pour une entreprise qui était dans l’urgence car elle allait démarrer sans chef de projet. On a trouvé le chef de projet en 48h. On a eu le même genre de demande pour un poste d’ingénieur qualité. La personne qui a été proposée a été trouvée en 24h. Nous sommes en capacité de trouver des profils rares comme ceux de responsable de maintenance, responsable de production, chef de projet, directeur de site, directeurs financiers, RH même si ces derniers sont moins rares.
Personnellement, ce qui m’a beaucoup émue dernièrement, c’est de constater la transformation rapide et impressionnante d’une personne que j’accompagnais. Au fil des séances, elle s’est redressée, a commencé à mieux respirer et a mis un joli sourire sur son visage. C’est très très gratifiant de contribuer à ça !
Je crois savoir que vous avez des partenariats
Orionis a mis ces partenariats en place pour donner du sens et avoir des impacts environnementaux et humains positifs. On est partenaire de Nos Quartiers ont du Talent (NQT) qui aide des jeunes diplômés de Bac+3 à Bac+5 souvent issus de milieux défavorisés à trouver leur premier emploi.
Nous sommes partenaires de Reforestaction. Notre forêt compte déjà plus de 2000 arbres qui ont été plantés à chaque mission. Nos clients peuvent choisir où ils souhaitent que ces arbres soient plantés. .
Enfin, Orionis est partenaire du Val de Reuil Athlétique Club. Nous pensons que derrière cette notion d’engagement sportif, il y a l’esprit d’équipe, le goût de la performance au travail et de la persévérance. Il y a aussi une vraie solidarité.
Comment faut-il agir avec les candidats très rares que l’on souhaite recruter ?
On les appelle les candidats « pénuriques». Comme pour toute candidature et encore plus avec des candidats dits « pénuriques », il faut absolument leur témoigner de l’intérêt et accorder un grand soin au parcours candidat (de la réception de leur CV à la réponse finale apportée à l’issue des entretiens. C’est ce que l’on appelle le « Care candidat »). Je vais leur offrir le meilleur accueil possible et accélérer au maximum le process de recrutement, car ils peuvent filer très vite.
Interview réalisée par Marianne Rolot le 5/08/19
A savoir : Orionis est sponsor de la Conférence « Inspirez l’Engagement », le 15 octobre 2019 à 14h à 18h à NEOMA Business School de Rouen.
Pour s’inscrire : https://www.weezevent.com/inspirez-l-engagement